Le dragon chinois et l’éléphant indien se haïssaient. La crise les a quelque peu réconciliés. Faut-il s’en réjouir ? Des deux côtés de l’Himalaya — frontière naturelle qui sépare les deux géants de l’Asie –, la réponse est un oui sans équivoque. Mais dans les pays développés, les réactions restent mitigées.
Certains y voient l’occasion de multiplier leurs opportunités d’affaires ; d’autres, en revanche, craignent que le rapprochement sino-indien n’augure un bouleversement de l’ordre mondial, propre à freiner les échanges entre pays développés et pays émergents. Le mouvement est-il irréversible ?
▪ Deux nouveaux poids lourds sur l’échiquier mondial
Il faut dire que le couple Chine-Inde représente un poids prépondérant sur l’échiquier mondial. En termes démographiques, ces deux pays comptent à eux deux plus du tiers de la population totale (2,4 milliards d’habitants). Sur le plan économique, ils figurent parmi les économies les plus dynamiques du globe et ont enregistré au cours des 10 dernières années un taux de croissance moyen à faire pâlir d’envie : 10,3% pour la Chine, 7,8% pour l’Inde.
Et si, dans un avenir proche, les deux pays réunis parvenaient à produire 50% du PIB mondial ? Audacieuse, une telle hypothèse reste toutefois plausible du fait d’un renforcement significatif des liens commerciaux entre les deux pays depuis l’éclatement de la crise des subprime.
▪ Ennemis hier, partenaires aujourd’hui
Ce n’est pas un hasard si le Premier ministre indien, Manmohan Singh, s’est rendu à Pékin en janvier 2008, soit six mois après le début de la crise de juillet 2007. Il a compris la nécessité pour son pays de renforcer sa coopération avec la Chine, dont l’irrésistible montée en puissance contraste avec la stagnation économique dans les pays développés.
Un partenariat stratégique a alors été signé entre les deux pays, dont leur commerce bilatéral a culminé, à la fin 2008, à un niveau sans précédent : 51,8 milliards de dollars, soit 37% de plus qu’en 2007. « Un miracle », saluait Huanqiu Shibao. Le magazine chinois a relevé par ailleurs, à titre de comparaison, que le volume des échanges sino-indiens n’atteignait que 14 milliards de dollars en 2004, 3,6 milliards de dollars en 2001 et… 264 millions de dollars en 1991.
Bien qu’elle n’ait pas épargné les deux pays, la crise financière d’octobre 2008 a contribué à renforcer leur commerce bilatéral, qui a atteint 43,4 milliards de dollars à la fin 2009. Aujourd’hui, la Chine s’impose comme le deuxième partenaire commercial de l’Inde, après l’Union européenne.
▪ Le pragmatisme l’emporte
A l’heure actuelle, les relations sino-indiennes semblent au beau fixe, alors que, il y a quelques années encore, celles-ci étaient froides, voire conflictuelles. L’explication est simple : les deux pays ne parvenaient pas à effacer de leur mémoire la courte mais sanglante guerre de 1962 qui les opposait pour le contrôle de territoires himalayens. L’armée indienne, qui pensait pouvoir battre les troupes chinoises, avait subi une défaite humiliante.
Depuis, l’Inde estime que la Chine occupe illégalement 38 000 km2 de son territoire, tandis que la Chine revendique l’Etat indien frontalier de l’Arunachal-Pradesh, dans le nord-est du pays. Aujourd’hui, près de cinquante ans après la guerre, face à des impératifs économiques et commerciaux, les deux pays ont fini par adopter l’un envers l’autre une attitude pragmatique, en mettant de côté leurs conflits territoriaux.
▪ Une méfiance réciproque demeure
Pour autant, c’est aller trop vite en besogne que de considérer le renforcement des liens sino-indiens comme une menace pour les flux d’échanges entre marchés développés et marchés émergents. N’oubliez pas que, sous des signes d’accalmie dans les relations sino-indiennes, couvent de multiples tensions politiques et militaires, qui, au moindre incident, risquent de refaire surface.
L’Inde ne cesse en effet de montrer son inquiétude quant à l’intention de l’empire du Milieu de se trouver un pied-à-terre, sur la côte pakistanaise, pour assurer l’approvisionnement de sa flotte. « Il est clair que la Chine veut faire pression sur l’Inde, et limiter l’influence des Etats-Unis sur le Pakistan et l’Afghanistan », commente le quotidien indien The Time of India.
L’Inde voit également d’un mauvais oeil le fait que la Chine apporte son soutien militaire et civil au Pakistan, son voisin avec lequel elle revendique la région du Cachemire depuis 1947.
De son côté, la Chine reproche à l’Inde d’avoir accueilli il y a cinquante ans le dalaï-lama, le chef des Tibétains, qu’elle considère comme un séparatiste notoire. L’empire du Milieu n’apprécie pas non plus que des officiels indiens réclament auprès de leur gouvernement une hausse du budget pour se procurer des avions de combat américains…
Autant de sujets de discorde qui, tant qu’ils ne seront pas résolus, nuiront à un approfondissement réel des relations entre les deux pays. Dans ce contexte, Chine et Inde devront continuer à développer leurs échanges avec les pays développés.
Le rapprochement entre l’Inde et les Etats-Unis depuis quelques années ainsi que le récent réchauffement des relations franco-chinoises en constituent les meilleures preuves.
chronique agora
Tant que nous ne rétablirons pas des taxes aux frontières, le développement de l’asie sera un problème majeur pour l’occident.
Il nous faut absolument détruire cette europe libérale, re-créer un tissu industriel, produire et consommer local, c’est la seule solution pour éviter un lent appauvrissement de l’europe et des USA.
La mondialisation n’a profité qu’aux banques et aux multinationales, les peuples sont soit esclavagisés pour les pays en développement soit appauvris et surveillés dans les pays riches, c’est un zéro pointé, sans compter la destruction fantastiquement rapide de la nature.
Si la Chine et L’Inde s’associent dans un marché commun à l’européenne, ce sera définitivement foutu, tous les acteurs économiques seront asiatiques et nous serons le tiers monde. Nos élites n’accepteront pas cette situation, c’est une évidence, le clash est nécessaire, il ne peut en être autrement.
Nous avons été vaincus à notre propre jeux…., ou plutot nos élites se sont sabordées elles mêmes, dans un soucis de bénéfices à court terme.